C’est au regard du corps féminin que Faustine Badrichani dévoile des oeuvres sous un trait raffiné et esthétique. D’origine française et située à NY depuis 10 ans, notre artiste coup de coeur nous évoque son rapport à l’intimité et au nu en y installant un climat de douceur et de sécurité à ses figures féminines.

Rencontre.

Tu vis à New York, une ville ouverte sur tous les aspects. T’as-t-elle influencé dans ta démarche artistique?

Faustine B : Je vais éviter les clichés sur NY, ville cosmopolite, super brassée, ouverte sur le monde, qui ne s’arrête jamais etc. Même si c’est vrai ! Je ne sais pas comment NY m’influence car j’y vis depuis 10 ans donc c’est difficile d’avoir ce recul-là. Mais je dirais que ce qui marque ma démarche et mon travail ce sont peut être ces clichés, et leurs corollaires. New York est une ville super bruyante, fatigante, parfois assourdissante, les distances sont grandes, je marche beaucoup. Du coup dans mon travail, j’ai besoin d’une certaine douceur, d’une simplicité. Mon studio est vraiment une bulle loin de la rumeur de la ville. Je ne sais pas si ça se ressent, mais au travers des femmes, c’est aussi la force tranquille, silencieuse, feutrée, paisible, qui est aussi l’apanage du féminin pour moi. Loin des bavardages et de l’agitation.

Comment s’est passé ton drawing marathon day?

Faustine B: C’était…intense. Ca a duré 10 jours ! Ça remet les idées en place ! C’était très challenging a double titre. D’une part parce que, comme toute activité artistique, la peinture et le dessin sont des activités solitaires, sans témoin, donc. C’est important d’avoir son travail jugé par des professionnels. Tous les soirs, c’était le cas, des pros passaient en revue notre travail de la journée. D’autre part, ça m’a permis aussi de sortir de mon terrain habituel. J’utilise beaucoup de peinture, de pastel, de couleur dans mon travail. Pendant ces 10 jours, on a fait seulement du dessin, et seulement au fusain !

D’où te vient cette sensibilité pour les corps féminins?

Faustine B : J’ai commencé à peindre des corps féminins quand j’ai accouché de mon premier enfant, comme si peindre le corps me permettait de revenir à sa fonction esthétique pour en oublier la dimension fonctionnelle et utilitaire qu’est la procréation. Je pense que j’aime bien l’intimité que le corps féminin recèle et peut immédiatement transmettre. De l’intimité naît l’ambiguité aussi, qui est une idée que j’aime bien. Pas de frontières fortes entre la force et la fragilité, entre l’intime et le général. Je trouve que le corps féminin permet cela.

Que veux-tu faire passer comme message aux femmes qui ne s’assument pas?

On me pose souvent cette question et j’avoue que j’ai toujours du mal a y répondre car je n’ai ni l’ambition ni la prétention de transmettre un quelconque message, je ne suis pas du tout une artiste à message, mon travail est une recherche esthétique, détachée des contingences politiques et de l’actualité. Je préfère parler d’émotion, d’atmosphère. On m’a souvent dit que mes toiles diffusaient une idée de douceur, de sécurité, d’apaisement aussi. C’est peut-être inconsciemment ce à quoi on aspire toutes sous nos costumes de Wonder-Woman !

On dénote des influences telles que Egon Schiele, Matisse, et notamment Rodin… Que penses- tu de l’évolution du corps féminin dans l’art d’aujourd’hui?

Vaste question ! Disons que le corps féminin dans l’art a été a une certaine époque récente disloqué, géométrisé, déformé avec une ambition qui était de sortir du corps-objet. Ce qui est bien ! Mais je m’inscris en faux de cette démarche pour revenir à des idées plus neutres, plus basiques. Pour moi, le corps de la femme n’est pas un étendard, un attribut. Il est simplement un matériau hyper riche et hyper complexe dont je me sers pour suggérer des atmosphères et des émotions.

You live in New York, a city open on all the aspects. Is that influenced you on your artistic approach?

FB: I’ll avoid all the clichés about NY, cosmopolitan city, very busy, open on the world, and which never stop or sleep. Even if all of that is true! I don’t even know how NY influenced me, as I’m living there since 10 years, it’s pretty tuff to think about it. But I’d say I thought to myself that it was my approach and my work these are perhaps these clichés, and their corollaries. New York is a super noisy, tiring, sometimes deafening city, the distances are huge, I walk a lot. So in my work, I need softness, and simplicity. My studio is really a bubble far from the rumor of the city. I do not know how I feel, but through women, it is also the quiet force, silent, quiet, peaceful, which is also the prerogative of the feminine for me. Far from chatter and agitation.

How did you marathon’s day goes?

FB : It was… intense. It lasted 10 days! It puts ideas back in place! It was very challenging for both reasons. On the one hand because, like all artistic activity, painting and drawing are solitary activities, without witness, therefore. It’s important to have your work judged by professionals. Every night, it was the case, pros were reviewing our work of the day. On the other hand, it also allowed me to get out of my usual terrain and confort. I use a lot of paint, pastel, color in my work. During these 10 days, we did only drawing, and only in charcoal!

Where do you get this sensitivity for female bodies?

FB : I started painting women’s body when I had my first child, as if painting it allowed me to come back to his esthetic fonction and forget the functional and useful dimension which is the procreation. I think I like the privacy that the woman’s body shows. From the intimate born the ambiguity also, which is an idea I quite like. No strong boundaries between strength and fragility, between the intimate and the general. I find that the female body allows this.

What kind of message do you wanna give to women who’s doesn’t like them bodies?

FB : I am often asked this question and I admit that I still have difficulty answering because I have neither the ambition nor the pretension to transmit any message, I am not at all an artist to message, my work is an aesthetic research, detached from political contingencies and current events. I prefer to speak of emotion, and atmosphere. I have often been told that my paintings conveyed an idea of softness, security, appeasement as well. It may be unconsciously what we all aspire to under our Wonder-Woman costumes!

There are influences such as Egon Schiele, Matisse, and especially Rodin… What do you think of the evolution of the female body in today’s art?

Vast question! Let’s say that the female body in art has been at a recent time dislocated, geometrized, distorted with an ambition that was to leave the body-object. The good thing is ! But I do not agree with this approach to return to more neutral, more basic ideas. For me, the body of the woman is not a standard, an attribute. It is simply a super rich and hyper complex material that I use to suggest atmospheres and emotions.

A word in a Trice?

“Dare” or “rivages”.

Faustine expose ses oeuvres à Paris à la galerie Esther et Paul , 43 rue du Chateau d’eau, dans le 10e, du 26 Novembre au 24 décembre. Et à l’Espace Beaurepaire, 28 rue Beaurepaire, 10e arrondissement du 16 au 22 décembre.